Analysons maintenant le livre de Houria Bouteldja Les Blancs, les Juifs et nous. Elle s’en prend à Sartre malgré le fait qu’il fut pour l’indépendance de l’Algérie car c’était un sioniste. Il faut donc « fusiller Sartre » qui est « mort blanc » car « philosémite » c’est-à-dire « le dernier refuge de l’humanisme blanc ». Elle dénonce les Blancs qui « croient à la démocratie », « la bonne conscience » qui fait dire « nous sommes tous américains ! », « nous sommes tous Charlie ! », c’est « le cri du cœur des démocrates. L’union sacrée. Ils sont tous Américains. Ils sont tous Charlie. Ils sont tous Blancs. » Elle applaudie « la débâcle française de 1940 » comme Genet qui est son modèle. Elle dénonce aussi les Blancs qui veulent le monopôle des bons combats contre le racisme ou l’antisémitisme elle écrit « n’avez-vous pas mille fois sacrifié Céline, Barbie (des hommes si exceptionnels pourtant) et tant d’autres sur les bûchers de la place publique ? » Elle dénonce « les Juifs qui veulent se fondre dans la blanchité ». Elle reconnaît le Juif dont « le zèle est trahison. » Si le Juif n’est pas le peuple élu, il est « élu par l’Occident. Pour trois missions cardinales : résoudre la crise légitime morale du monde blanc, conséquence du génocide nazi, sous-traiter le racisme républicain (envers les Indigènes) et enfin être le bras armé de l’impérialisme occidental dans le monde arabe. » Les Juifs sont les « tirailleurs sénégalais pour les besoins de l’impérialisme occidental. » Les Blancs « ont offert Israël aux Juifs ». Elle évoque « l’école qui l’a bien dressée », en lui apprenant en cours d’Histoire la Shoah, puis elle affirme que l’antisémitisme est essentiellement occidental pour mieux disculper l’antisémitisme musulman. Cependant elle relativise l’antisémitisme d’Hitler car les techniques de massacres de masse avaient été « expérimentées sur nous. » En résumé, « la Shoah ? Le sujet colonial en a connu des dizaines. Des exterminations ? A gogo. » Tout comme le Ku Lux Klan elle évoque la race et le clan « j’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’Islam ».
Malgré ces allégeances venant de la gauche, le PIR considère le NPA comme un parti « Blanc » et précise que son combat n’est ni de gauche ou de droite mais « décolonial ». Houria Bouteldja applaudit « les indigènes » qui venant de « la gauche » lui disent merde en rejoignant l’extrême droite, elle explique en 2014 lors du combat contre « le mariage pour tous » qui a vu l’extrême droite faire front commun avec les islamistes contre « le mariage homosexuel » : « L’anniversaire légitime n’a donc pas eu lieu. L’anniversaire récupéré n’a pas eu lieu non plus. Mais les bougies ont bien été soufflées. Et par qui ? Par Dieudonné et Farida Belghoul ! Trente ans après l’apparition spectaculaire des Indigènes (lors de la marche des beurs où Belghoul était présente) sur la scène politique française en compagnies de leurs amis de gauche, nous revoici. Nouveau surgissement dans l’arène politique. Toujours spectaculaire, toujours tonitruant. Mais cette fois avec « nos amis » non pas de gauche, non pas seulement de droite, mais d’extrême droite. Ça s’appelle un bras d’honneur. Un grand « merde » à la gauche. Ou si vous voulez, une quenelle. Ce mouvement de balancier vers la droite est, contre toutes les apparences, un mouvement de libération. » Elle le dit aussi dans son livre « je méprise la gauche » hélas, une bonne partie de la gauche l’aime…. Ainsi quand le PIR organise un « camp décolonial » interdit aux Blancs, les seuls médias autorisés sont Edwy Plenel et le Bondy Blog tant encensés par Politis, Télérama, l’Obs, Libération….
Le PIR dénonce le phénomène et la manifestation « je suis Charlie » suite à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo « C’est toute la civilisation blanche, coloniale et raciste, accompagnée de ses Oncles Tom, qui s’est rassemblée pour défendre le droit qu’elle seule peut massacrer, exterminer, génocider. » Quant à Bouteldja elle s’est assimilée à Mohamed Merah qui a tué des militaires et des Juifs à cause « des humiliations » qu’elle a vécu comme lui « Mohamed Merah, c’est moi » dira-t-elle en 2012 : « Je ne peux le nier. Je ne peux le fuir. Je ne peux pas creuser un trou pour m’y terrer le temps que ça passe. Mohamed Merah c’est moi. Le pire c’est que c’est vrai. Comme moi, il est d’origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi il est musulman. Mohamed Merah c’est moi. » Il a donc agi en musulman en commentant ces actes criminels et antisémites. Mais cela n’empêchera pas la gauche compassionnelle comme Mélenchon de dire que le « terrorisme n’a rien à voir avec la religion. » Bouteldja énonce les injustices que Merah a subies : « Sûrement, à l’école, on lui a imposé une minute de silence pour les victimes du 11 septembre. » (…). « Comme moi, il a assisté à la pendaison de Saddam Hussein, en direct live, le jour de l’Aïd. »(…). « Tous les deux, lui et moi, moi et lui, nous avons subi impuissants à la deuxième affaire des voiles, l’exclusion et l’humiliation de nos sœurs à l’école. » Mais cela n’a rien à voir avec la religion…
En mars 2015, Houria Bouteldja déclare lors d’une conférence à Oslo : « Les Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe (…), ils bénéficient d’une racialisation positive (…), ils protègent le corps blanc. » Les Juifs sont donc des traitres.
PIR et Genet
Revenons sur Genet (1910-1986), écrivain français, anti sioniste, délinquant et admirateur de la cruauté, tant admiré par Bouteldja mais aussi par Sartre ou Foucault. Comme elle, il se réjouit de la débâcle de l’armée française en 1940. Il écrit dans son livre Pompes funèbres en 1947 : « On me dit que l’officier qui commanda le carnage d’Oradour avait un visage assez doux, plutôt sympathique. Il a fait ce qu’il a pu –beaucoup- pour la poésie (sic). Il a bien mérité d’elle. Mes morts rarement osent exprimer ma cruauté. J’aime et respecte cet officier. » Dans le même livre, il met en scène un milicien nommé Riton lors de la libération de Paris. Il s’identifie au Milicien dont la foule « rêve de lui crever la panse » Genet célèbre « l’admirable solitude » des miliciens « maudits comme des reptiles », « pas seulement haïs, mais vomis », « plus réprouvés que les filles, plus que les voleurs et les vidangeurs, les sorciers, les pédérastes ». Pour cette raison il compatit à « la désolante grandeur d’un milicien français qui, (…) en août 1944(…) se retira sur les toits aux côtés des Boches, tirant jusqu’à sa dernière balle (…) sur le peuple français qui montait les barricades ». Genet ancien délinquant, paria est transcendé par les jeunes miliciens recrutés qui sont « surtout parmi les voyous, puisqu’il fallait oser braver le mépris de l’opinion générale qu’un bourgeois eût craint ». La vue des miliciens « gosses de seize à vingt ans » qui terrorisent les honnêtes gens lui procure un « bonheur délicat ». Genet est un homosexuel, mais son homosexualité est sadique, ultra viriliste. Lors de la débâcle de 1940, Genet est avec des soldats de l’Armée Française d’Afrique, il les compare à des clodos : « le peuple noir est laid, chétif et rampant sans quoi le patricien n’existe pas. Ils avaient leurs vies d’esclaves ». Dans ses écrits, les faibles méritent tous les châtiments, ce sont « des lopes » on leur « crache dessus », on « les violente » à l’opposé, il y a le maître qui est pour Genet l’armée Nazie, virile et guerrière. Genet décrit les guerriers de l’Europe Blanche ainsi avec des « mollets de fer », il couchera avec ses apollons « aux lourdes bourses ». Les muscles, la force brutale, le phallus d’acier, tout y est, Genêt décrit les soldats nazis ainsi « statues qui marchent » aux « hanches d’acier », et aux « bottes lourdes comme un piédestal ». Hitler, lui « resplendit comme Apollon », il est l’opposé du citadin, « bourgeois » qui est « petit », « fluet, rageur ». Quand le monde découvre le génocide des Juifs, Genet ne compati pas, il explique que les bagnes français étaient identiques aux camps de la mort nazis, il explique qu’il a vécu le même enfer (sic) que c’est un juste retour des choses puisque ce sont les bourgeois (Juifs) qui l’ont enfermé et qui ont été par la suite victimes des nazis : « Les journaux montrent encore des photographies de cadavres débordant des silos ou jonchant les plaines, pris dans les ronces des barbelés, dans les fours crématoires ; ils montrent des ongles arrachés, des peaux tatouées, tannées pour des abat-jour : ce sont les crimes hitlériens. Mais personne ne s’est avisé que depuis toujours dans les bagnes d’enfants, dans les prisons de France, des tortionnaires martyrisent des enfants et des hommes. Il n’est pas important de savoir si les uns sont innocents et les autres coupables au regard d’une justice plus qu’humaine ou seulement humaine. Aux yeux des Allemands, les Français étaient coupables. On nous aura tant maltraités en prison, et si lâchement, que je vous envie dans vos tortures (sic). Car c’est pareil et mieux que nous. Sous l’action de la chaleur la plante s’est développée. Puisqu’elle fut semée par les bourgeois qui firent les prisons de pierre, avec leurs gardiens de chair et d’esprit, je me réjouis de voir enfin le semeur dévoré. Ces braves gens applaudissaient, qui sont aujourd’hui un nom doré sur le marbre, quand nous passions menottes aux poignets et qu’un flic nous bourrait les côtes. Une seule chiquenaude de leurs gendarmes fut vivifiée par le sang brûlant des héros du Nord, elle s’est développée jusqu’à devenir une plante merveilleuse de beauté, de tact et d’adresse, une rose dont les pétales tordus, retroussés, montrant le rouge et le rose sous un soleil d’enfer se nomment de noms terribles : Maïdanek, Belsen, Auschwitz, Mauthausen, Dora. Je tire mon chapeau. Mais nous restons votre remords ». En résumé les nazis ont vengé la jeunesse de Genet. Ce retournement de situation est pratiqué de la même manière par les anciens pro nazis, ainsi Rebatet ose se poser en victime et se compare au Juif David Rousset ancien déporté quand il est en prison pour collaboration : « Nous avons le droit de dire au lecteur que nous aurions bien pu, nous aussi, écrire Les Jours de notre mort, livre écrit par Rousset ». Céline lui aussi se compare au sort des Juifs, il ne voit aucune différence entre Mauthausen et « l’enfer de Sigmaringen » où il est emprisonné. Dans la Revue d’Etudes palestinienne n°6 en janvier 1983, Genet tient des propos négationnistes et définit les Juifs comme étant « des américains » qu’il opposent « aux pauvres indiens » : « Le peuple Juif, bien loin d’être le plus malheureux de la terre –les Indiens des Andes vont plus au fond dans la misère et l’abandon-, comme il a fait croire au génocide (sic) alors qu’en Amérique, des Juifs, riches ou pauvres, étaient en réserve de sperme (sic) pour la procréation, pour la continuité du peuple « élu ».». Dans un deuxième article nous évoquerons les dangers actuels représentés par ce nouveau racisme, d’autant plus dangereux, vu qu’il n’est pas dénoncé par la gauche « antiraciste ».
Régis Boussières i