Hier, samedi 10 décembre à 10H se tenait le grand rendez-vous des défenseurs de la Laïcité. Élus, représentants d’associations et citoyens ont répondu présents à ce premier rendez-vous.
Un hommage et une revendication pour « Un canut au service de la République : Auguste Burdeau« .
Ci-joint le texte discours du Président de Lumières Laïques – Cercle Maurice Allard, déclamé devant le monument.
Discours Burdeau : Un canut au service de la République !
En préambule, nous tenons à remercier les élus présents, les associations, mouvements représentés et les journalistes ainsi que tous les citoyens venus en ce jour.
Une brève présentation de notre association Lumières laïques – Cercle Maurice Allard. Elle œuvre depuis plusieurs années pour la défense et la promotion des valeurs républicaines et laïques. A ce titre nous avons constaté que dans notre ville celles et ceux qui se sont battus pour l’école laïque, la République étaient bien souvent ignorés par le grand public, mais aussi et surtout par les élus de la République.
A Lyon, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, nous avons un passé Républicain important et qui n’est plus ou peu mis en avant. Lyon n’était il pas un des hauts lieux du combat radical, laïque et Edouard Herriot qualifié à ce titre de pape de la laïcité?
Alors pourquoi Auguste Burdeau? Son parcours est exemplaire à ce titre !
Il était de ceux là et joua un grand rôle dans ce combat malgré le fait que sa vie fut courte et semée d’embuches.
De conditions très modestes il réussit à gravir l’échelle sociale, ce que l’on appellerait de notre jour « l’ascenseur social ». A cette époque il était extrêmement difficile de sortir de sa condition sociale.
Issu d’une famille pauvre, Il est orphelin à l’âge de 10 ans. Il entre en apprentissage comme tisseur de soie, tout en poursuivant ses études afin d’être admis au concours d’interne au lycée de Lyon, puis au Collège Sainte Barbe de Paris.
En 1870, il est scolarisé à l’Ecole normale supérieure, il s’engage comme volontaire contre les Prussiens en 1870. Il est blessé et fait prisonnier en 1871. Il s’évade de prison et obtient la Légion d’honneur à 20 ans.
Il devient professeur de philosophie à Nancy. Il a pour élève Maurice Barrès et Paul Claudel. Puis il est professeur au Lycée Louis-le-Grand à Paris. Il devient chef de cabinet de Paul Bert quand celui-ci est nommé ministre de l’Instruction publique en novembre 1881. Il rédige plusieurs livres sur l’éducation où il défend une position laïque, dont « l’instruction morale à l’école » et un « manuel d’éducation morale » où il démontre que la morale n’est pas obligatoirement liée à la religion.
Il est député du Rhône de 1885 à 1894. En cette qualité il rédigea en 1891 un remarquable rapport sur la situation de notre colonie algérienne. Le gouvernement français en hommage à ce travail donna le 13 septembre 1904 son nom à une commune algérienne qui le conserva après l’indépendance
En 1892, il est nommé ministre de la Marine et des Colonies. De 1893 à 1894 il est ministre des Finances. Enfin, il est élu Président de la Chambre des députés le 5 juillet 1894, mais il décède 5 mois plus tard. Une vie courte, 53 ans entièrement consacrée au bien commun, à la République !
Au cours de sa carrière politique Auguste Burdeau mena également un combat pour l’instruction et l’éducation des enfants. Il a écrit plusieurs livres, mais aussi traduit en français le livre « Le monde comme volonté et comme représentation » de Schopenhauer. Il est aussi à l’origine de l’expression « d’ordre social désirable » qui caractérise la volonté d’un Etat d’assurer une mission générale d’organisation de la vie sociale en fonction de l’intérêt général.
En hommage à son action dès le 8 janvier 1895, le Conseil Municipal de Lyon donna son nom à la rue du Commerce et un comité local fut formé pour ériger une statue. Après de nombreuses et longues péripéties le monument, fontaine œuvre de l’architecte Alfred Boucher, est inauguré le 28 juin 1903.
Celle-ci fut fondue en 1942, comme d’autres, par le régime collaborationniste et anti républicain de Vichy. A cette époque, beaucoup de statue représentant des personnages républicains, des libres penseurs furent fondues par un régime qui rejetait toutes ces idées.
Après guerre ce monument demeura en déshérence et c’est ainsi que nous nous trouvons ce jour, devant ce monument vide, sans la statue d’Auguste Burdeau et sans sa face arrière, un bas relief en bronze d’une jeune femme, allégorie de l’Histoire, présentant les étapes de la vie de Burdeau.
Notre époque voit ressurgir des idées anti laïques, anti républicaines, une montée du communautarisme, les fanatismes religieux se développent avec leurs lots d’intolérance et de crimes. L’école laïque est malmenée, l’ignorance et l’exclusion prospèrent faisant le lit de tous les ressentiments.
Il est plus que jamais fondamental pour notre avenir commun de maintenir vivante cette mémoire républicaine et laïque d’où nos démarches auprès de la mairie du 1 er arrondissement pour sa réhabilitation. Notre démarche a obtenue le soutien de la part du Maire du premier arrondissement –Madame Nathalie Perrin-Gilbert- ainsi que de son adjoint : Arthur Rémy et nous les en remercions.
Il ne reçut pas le même accueil de la mairie centrale qui nous objecta un manque de moyens financiers en cette période de restriction financière. Restrictions que ne semblent pas subir les cultes dans notre ville !
Aussi Lumières-Laïques-Cercle Maurice Allard a décidé chaque année de commémorer publiquement, et nous espérons accompagnée, soutenu en cela par des associations et mouvements toujours plus nombreux , la mémoire d’Auguste Burdeau ce « canut au service de la République » jusqu’à obtenir enfin le retour de sa statue dans ce monument vidé de son sens !
Nous resterons mobilisés sur cette revendication, nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine en décembre pour continuer la lutte!
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.