Ce qu’il faut attendre du P.I.R.

Histoire des « obsédés de la race » et du P.I.R (première partie)

L’Express du 3 avril évoque « les indigénistes à l’assaut des associations » de gauche, Marianne du 12 avril fait un dossier sur « l’offensive des obsédés de la race ». Ce courant politique a infiltré de nombreuses associations issues de la gauche qui avant, luttaient pour l’universalisme, la laïcité, l’égalité des Droits, la citoyenneté où l’origine ethnico-religieuse n’avait pas d’importance. Mais, comment ce courant de pensée a pu pénétrer, avec succès, des pans entiers de la gauche ?  Revenons sur l’entrisme de ce courant et la complicité d’une certaine gauche qui déteste plus « la république bourgeoise » que « le totalitarisme islamique ».

Le P.I.R. est une organisation islamo-gauchiste créé en 2005, elle se transforme en Parti en 2010 (le PIR). Elle est proche de groupe d’extrême gauche ou libertaire comme le NPA, Alternative Libertaire. Elle se veut anticapitaliste, mais celui-ci se définit par l’identité et la couleur de peau, les riches étant « le pouvoir Blanc » et « les sionistes » qu’il faut mettre aux « goulags ». Ainsi, le trotskiste Berber, membre de Socialisme International puis du NPA soutient en 2005 l’appel « nous sommes les indigènes de la République ! » Cet appel fut vite repris par le site musulman oumma.com puis « Les mots sont importants » de Tévanian, islamo gauchiste qui lutte pour le port de voile à l’école et contre « l’islamophobie » qu’il assimile au racisme. La revue Mouvements reprend aussi l’appel. Cet appel condamne la République, le féminisme et la laïcité. La République serait « néocoloniale », les arabes laïcs sont décrits comme des vendus, voire des sionistes. Cet appel serait resté très confidentiel s’il n’avait pas été diffusé dans les milieux de gauche. Par la suite, Bouteldja (représentante du PIR) s’oppose à la loi contre les signes religieux à l’école avec des collectifs de gauche et les islamistes. Ce combat est comparé par Tévanian à l’affaire Dreyfus : « C’est pourquoi, même si nous ne sommes pas religieux, même si nous sommes anticléricaux, il est de notre devoir de soutenir les filles voilées, en prenant modèles sur les quelques militants antibourgeois et antimilitaristes qui, il y a un siècle, ont su s’engager pour défendre le militaire et le bourgeois qu’était Dreyfus. Ne soyons pas guesdistes une nouvelle fois ». Comme si cela était comparable ! Rappelons que Dreyfus ne fut pas une histoire entre deux religions, mais avant tout un combat entre des racistes et des Républicains.

Le trotskiste Berber écrit dans la revue Contretemps en juin 2015, un article où il prend la défense d’Houria Bouteldja, la dirigeante du PIR : « Puisque la question d’une hiérarchisation entre les différentes formes de racisme ne se pose même pas de notre point de vue, ne devrait-on pas tirer des analyses mêmes de Houria, les formes spécifiques et concrètes de lutte contre l’antisémitisme qui l’articulent à une stratégie antiraciste globale ? C’est ainsi qu’on sortirait du « piège de l’injonction ». Et Houria nous fournit des outils pour cela. Elle distingue un antisémitisme « traditionnel » au sein de courants de l’extrême droite française et un « nouvel antisémitisme » ou « ressentiment anti-juif » créé par le traitement différencié fait par l’Etat entre l’antisémitisme et les autres formes du racisme qui touchent les « damnés de la terre » ». Derrière ce charabia se cache un discours clairement antisémite d’origine socialiste. Il y a les « damnés de la terre » qui sont (tous) victimes du racisme, bref, les pauvres en France ne sont que des étrangers ou des personnes d’origines étrangères, comme s’il n’y avait pas des personnes de différents origines dans les classes moyennes, comme s’il n’y avait pas « de français de souche » pauvres. Ce n’est plus une lutte de classe mais une lutte de race matinée d’une lutte de classe. Quant aux Juifs, ils sont victimes du racisme, mais ne font pas non plus parti des « damnés de la terre », ils sont des privilégiés qui sont protégés par l’Etat, comme si les Juifs étaient tous riches, nous voilà clairement dans l’idéologie antisémite. De plus, d’après le trotskiste Berber, ceux-ci peuvent être victime de racisme mais ce racisme est condamné contrairement aux autres racismes d’où un « nouvel antisémitisme » issue de l’immigration arabo musulmane. Or, dans le monde musulman, l’antisémitisme existe depuis des siècles et toutes les formes de racismes sont combattues en France de la même manière et avec les mêmes lois ! Cela veut faire croire que « les Juifs » sont des privilégiés d’où un « ressentiment anti Juif », là encore Berber sombre dans l’antisémitisme le plus crasse qui consiste à propager l’idée que « les Juifs dirigent le monde ». Houria Bouteldja bénéficie aussi de la publicité faite par la revue anti libérale et gauchiste Politis, ainsi que du regroupement gauchiste et pro voile islamique « Les mots sont importants », il s’agit de dénoncer la loi (de 2004) contre les signes religieux à l’école : « L’état d’esprit colonial est celui qui a présidé et qui continue de présider à la dépréciation des cultures arabo-musulmanes et à la dépréciation des hommes, tributaires de la culture patriarcale. Cette humiliation identitaire a comme corollaire la promotion instrumentale des femmes et l’encensement de l’idéologie universaliste française ». Ce discours ressemble à celui de l’extrême droite : revendications identitaires, antisémitisme, identité religieuse, défense de la famille traditionnelle patriarcale, dénonciation de l’universalisme et de la laïcité et pourtant toute une frange de la gauche soutient le PIR et Bouteldja. En 2004, une fausse agression antisémite à lieu Bouteldja dénonce « l’emballement médiatique » qui va « provoquer un jour une confrontation entre communautés. J’attends le premier mort. » Mais, quand le « Gang des Barbares » commettra un meurtre antisémite elle n’en dira rien, idem pour Merah, pire même puisqu’elle dira « Mohamed Merah, c’est moi ».  Elle se rapproche aussi de Tariq Ramadan et déclare à propos du voile islamique, celles qui le portent signifient « on ne couchera pas avec des Blancs » et prédit « demain, la société tout entière devra assumer pleinement le racisme antiblanc ». Elle dénonce « l’intégration par le jambon » qui fait écho aux « soupes identitaires » organisées par le Bloc Identitaire pour les SDF où il y a du cochon afin de n’aider que les non musulmans. Le PIR déteste la gauche anti raciste jugée condescendante ainsi Bouteldja déclare en 2015 à la revue Vacarme : « Les sujets que nous abordons divisent la gauche, ce qui est l’un de nos objectifs : recomposer le champ politique à partir de la question raciale et anti-impérialiste ».  Tout est dit, le PIR pose la « question raciale » comme Hitler posait « la question Juive ». Pour autant, ce genre de discours ne choque plus au sein de la gauche radicale. Pire, Bouteldja est interrogée par les médias de gauche radicale y compris féministe comme la revue Nouvelles Questions Féministes. Visiblement, le patriarcat version musulman ne dérange pas contrairement au patriarcat version catholique. La différentiation ethnique, raciale qui est le moteur (en théorie) de l’extrême droite, se retrouve aussi à gauche, la revue proche du NPA Contretemps interroge complaisamment la racialiste du PIR, celle-ci rejette l’universalisme et les Lumières : « Quand on est issu de l’histoire coloniale, on ne peut pas dire que les Lumières nous ont libérées ou nous ont émancipées. Or, c’est ce qu’elles disent : on est « émancipée par les Lumières ». Elles contribuent ainsi à mythifier ce qu’ont été les Lumières et la République, qui seraient intrinsèquement émancipatrices. Nous, on ne pense pas cela et, en tout cas, en ce qui concerne les populations issues de l’histoire coloniale, cela a été tout à fait le contraire. Les Lumières ont plutôt été aliénantes et la République également ». Lors du premier numéro de la revue L’indigène de la République, le politologue François Burgat prend la défense de Nadia Yassine, porte-parole du mouvement islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane. Comme si l’islamisme était source d’émancipation… Sadri Khiari, ancien dirigeant trotskiste tunisien réfugié en France en 2003 (pays raciste d’après lui), qui est l’initiateur de l’appel des « indigènes » a publié chez la maison d’édition libertaire, gauchiste et islamiste La Fabrique un essai où il défend la notion de « races sociales », démontrant que l’on peut dépasser le trotskisme que de deux manières, par la gauche ou la droite : « parler de races sociales, c’est donc aussi mettre en évidence l’unité d’un processus historique, en l’occurrence cette relation de domination/résistance inscrite dans un même continuum historique, progressivement mondialisé, sous les formes de l’esclavage des Noirs (oubliant l’esclavage des Noirs par les Arabes), de la colonisation, puis des différentes formes d’apartheid et de ségrégation dont les descendants d’esclaves et de colonisés ont contribué à faire l’objet et contre lesquelles ils résistent encore ». Il conclu par la nécessité de la lutte entre « le Pouvoir Blanc et la Puissance politique indigène ». C’est donc la lutte des Races au nom de la lutte des Classes.  Le PIR se prononce contre le métissage comme Kémi Séba ou les nazis « il faut se marier entre musulmans, un Noir avec une Noire ». Cela n’est pas « une régression » puisque cela participe « au séparatisme racial ou religieux, le « choc de civilisation » », voulu par ces islamo gauchistes démontre qu’il n’y a pas que Bush qui en parle de ce fameux choc de civilisation, mais là, la gauche n’en dit rien, bien au contraire… L’extrême droite « blanche » n’est d’ailleurs pas complètement hostile aux Indigènes de la République, ainsi la revue nationaliste Résistance n°49 explique qu’il y a « deux Houria Bouteldja… Primo Houria la pasionaria, tribun palestinien, prêtresse des différences donc ennemi du gris (arabe) consumériste. Elle pose qu’à côté du social, il y a le culturel et même l’ethnoculturel : « Il ne suffit pas de dire que c’est la lutte des classes, ça c’est clair et net. Il y a autre chose que la lutte des classes, il y a la race. ». Pas vraiment le discours pavlovien BHLien, les putes et les soumises sont loin (référence à l’association Ni pute, Ni soumise). C’est qu’on est en pleine gauche différentialiste » ce qui plait aux nationalistes révolutionnaires. L’article se poursuit ainsi « Loin de faire l’unanimité chez les sinistres, elle est dénoncée par ceux qui confondent universalisme et cosmopolitisme. La clique qui crie à l’ « alliance mortifère des fachos islamistes et des gauchos communautaristes ». On revient au fameux partage des eaux : Houria c’est l’anti Philippe Val, les indigènes c’est pro-choix (revue animée par Caroline Fourest) la tête en bas. Face aux laïcards ralliés au messianisme américano-sioniste, il y a les prosélytes du foulard, les amis des luttes de libération nationale… Des nationalistes, dans le sens émancipateur que le mot prend au Sud du globe… ». Certes, la critique « du blanc » dérange les nationalistes, mais le rappel de la lutte raciale, religieuse, réactionnaire et identitaire plait à ces mouvements, l’ennemi principal étant « le cosmopolitisme », « l’américano-sionisme », « l’universalisme », « la laïcité », « la République », « le féminisme », « les Lumières », « le consumérisme et le libéralisme » et « le Juif ».

Le mouvement altermondialiste sera l’occasion de voir des rapprochements entre l’extrême gauche et les mouvements islamistes. Ainsi, en 2003, le Forum social européen regroupe des organisations de gauche dont les trotskistes mais aussi les associations islamistes et Tariq Ramadan. Cela va créer une polémique notamment en France, mais Ramadan trouvera des soutient dont José Bové ou les réseaux proche du NPA et d’Alternative Libertaire. En 2009, après le déclenchement de l’opération « plomb durci » par l’armée israélienne, ce genre d’alliance hétéroclite se reforme à Beyrouth où est organisé un « Forum international pour la résistance, l’anti-impérialisme, la solidarité entre les peuples et la construction des alternatives à la globalisation », sous ces mots pompeux on retrouvait lors de ce forum, des organisations de gauche, propalestiniennes, mais aussi des mouvements proches des islamistes comme le Hezbollah (bras armé de l’impérialisme iranien au Liban) ou l’International Campaign against US and Zionist Occupation regroupant des militants des Socialist Workers Party (trotskiste anglais) et des membres du Hamas ou du Hezbollah. On note que seul « l’impérialisme américain » et le « nationalisme Juif », c’est-à-dire « le sionisme » sont dénoncés par ses organisations, un point commun avec une certaine extrême droite qui dénonce elle aussi « l’américano-sionisme ». Des militants français sont aussi présents, ils sont proches du PIR. Ce forum se déroula avec à l’entrée « un drapeau israélien que l’on piétine ». A la tribune le cheikh Naïm Qassem évoque l’imam Khomeiny pour qui « l’Amérique c’était le grand Satan. Pour d’autres, l’Amérique, c’est l’impérialisme ou la globalisation. Quel que soit le terme utilisé, au final, c’est du même ennemi dont il s’agit ! » Il est fortement applaudi, extrême gauche et islamistes main dans la main contre l’Amérique. Le Forum appelle à « la résistance » via une union de pays gauchisants et islamistes comme la Bolivie, le Venezuela, l’Iran et la Syrie. Les interventions des participants sont reprises sur différents site Internet français comme Palestine-Solidarité. Un appel est lancé en Europe pour que le Hamas ne soit plus considéré comme une organisation terroriste, il est soutenu par des universitaires communistes, des militants communistes et la sénatrice des Verts Boumediene-Thiery, le PIR est aussi présent. Un colloque sur le sujet à lieu à la Sorbonne. La revue trotskiste proche du NPA Inprecor définit le Hezbollah comme « un mouvement populaire opposé « aux élites libanaises ».

Houria Bouteldja n’hésite pas à tenir des propos racistes en évoquant « du reste de la société occidentale, enfin de ce qu’on appelle, nous, les Souchiens –parce qu’il faut bien leur donner un nom-, les Blancs ».  Pour le PIR il existe trois catégories de population en France, elles se basent sur les ethnies « les français de souche- le corps légitime de la nation qui est d’origine chrétienne ; les Juifs, qui sont plus ou moins tolérés à conditions de se blanchir (sic) ; les Indigènes, les sujets postcoloniaux. » Il y a « une conscience de race » où il s’agit de « lutter contre le peuple blanc, propriétaire de la France ». Les Blancs sont donc tous des oppresseurs des dominants même ceux qui sont SDF ou au RSA. Dès lors, le racisme n’est dans qu’un sens « un Noir raciste, cela ne veut rien dire » car « seuls les dominants ont le pouvoir d’être raciste ». Le PIR est contre le métissage « une notion que je ne comprends pas » dit Bouteldja, une forme de protection de la race Indigène qui n’aurait pas déplu au nazi. Pour elle les « femmes indigènes » doivent être réservées aux « Indigènes ». « Nous ne sommes pas des corps disponibles à la consommation masculine blanche ». Le féminisme « blanc » est aussi dénoncé comme dans le livre Les féministes blanches et l’Empire titre qui ressemble furieusement à celui de Soral Comprendre l’Empire. Ce livre est publié chez les gauchistes de La Fabrique. Le féminisme dé-colonial consiste à porter le voile islamique et d’affirmer son identité religieuse et ethnique. C’est le rejet de la citoyenneté, de la laïcité, de la République ainsi que du cosmopolitisme c’est « le chacun chez soi » au mieux, la guerre raciale au pire, car « entre les Blancs et nous, il y a la race. Elle se dressera toujours entre nous. » Bouteldja applaudit l’islamisme Iranien tout comme une bonne partie de l’extrême droite « Ahmadinejad, mon héros » écrit-elle dans son bréviaire de la haine Les Blancs, les Juifs et nous, toujours édité par les gauchistes de la Fabrique. C’est un héros car il a osé déclarer à la face « de l’Empire » qu’il n’y a pas « homosexuels en Iran », alors que ceux-ci sont exécutés. Cela renvoi aux camps de redressement pour homosexuels de Cuba ou à la phrase de Mussolini qui avait dit « en Italie, il n’y a que des vrais Hommes ». Les Droits de l’Homme ne sont pas un combat pour Bouteldja puisqu’elle pose fièrement pour une photo à côté du slogan « les sionistes au Goulag ».  Fin de la première partie.

Régis Boussières